3. RJR Nabisco

Close up of cigarette tips, showing the details of rolled tobacco, forming background

Si vous voulez comprendre le Dillon Read des années 80, vous devez comprendre le cas R.J. Reynolds (RJR) une société de manufacture de tabac basée à Winston-Salem, Caroline du Nord. Selon l’histoire officielle de Dillon The Life and Times of Dillon Read par Robert Sobel, Truman Talley Books/Dutton, 1991, pages 345-346, RJR a été la cliente de Dillon pendant de nombreuses années :

Avec l’assistance de Dillon, Reynolds s’est étendue du tabac à une variété d’autres activités : alimentation, transports maritimes, pétrole, emballages, alcools, sodas, entre autres. Entre-temps R.J. Reynolds Tobacco augmenta son chiffre d’affaire de 117 millions en 1963 et devint R.J. Reynolds Industries, un monstre de 14 milliards en 1983.

Durant les années 80, les liquidités de RJR alimentèrent l’achat et vente de sociétés qui généraient des honoraires importants pour les comptes bancaires de Dillon, et des contacts d’investisseur venant gonfler les calepins.

En 1984 et 1985, Dillon Read aida RJR à fusionner avec Nabisco, en faisant de RJR Nabisco l’une des plus grosses sociétés d’agroalimentaire et de produits de grande consommation. Ross Johnson de Nabisco devint le président de la nouvelle combinaison. Johnson préféra les banquiers qu’ils connaissaient du temps de Nabisco, Lehman Brothers. Il était dans le conseil d’administration de Shearson Lehman Hutton.

Pour aider RJR Nabisco à digérer la nouvelle acquisition, Dillon et Lehman arrangèrent la vente de onze entités. Entre-temps de nombreux associés de Lehman rejoignirent Dillon Read. Parmi eux, Steve Fenster, il avait été un conseiller des dirigeants de la Chase Manhattan et était au conseil d’administration d’AMS, une société qui apparaît dans notre histoire dans les années 90.

Après des missions pour le compte des départements énergie et capitalisation financière de Dillon, je passais quatre ans au financement du métro et bus de la ville de New-York avant de devenir manager et membre du conseil dirigeant en 1986. Je ne travaillais pas sur RJR. Quelques nouvelles un peu bizarres nous parvenaient. Il y avait toujours d’énormes quantités de liquidités générées par le secteur du tabac et la nécessité de trouver de nouvelles façons de réinvestir les profits qui sortaient de cette centrale électrique financière.

L’un des jeunes associés travaillant pour moi se mit avec un autre jeune qui travaillait sur le compte RJR pour acheter un bateau en Europe. Le deuxième associé s’arrangea pour faire faire le transport de ce bateau vers les Etats-Unis par Sea-Land, une filiale de RJR qui fournissait des services de transport de containers dans le monde entier. On m’informa que RJR ne fit pas payer le transport. Quel montant de liquidité peut avoir une société pour pouvoir déchirer la facture de transport d’un bateau comme service envers un associé junior de Dillon Read ?

J’allais avoir une meilleure idée de ces liquidités plusieurs années plus tard quand je lirais les explications de l’Union européenne. Celle-ci a une procédure en cours contre RJR Nabisco au nom de onze états européens qui groupés, ont les ressources militaires et de renseignements nécessaires pour collectionner et organiser les preuves pour une telle poursuite judiciaire. Cette action en justice soutenait que RJR était impliqué depuis longtemps dans des opérations criminelles.

Extrait de l’action en justice européenne contre RJR Nabisco

Si vous aimez les romans policiers, vous allez trouver la présentation des faits que fait l’Union Européenne beaucoup plus fascinante que la fiction. L’un des motifs dans le dossier latino-américain, les mafias italiennes et russes, et avec la famille de Saddam Hussein pour n’en citer que certains. L’introduction commence ainsi :

1. Pendant plus d’une décennie, les défenseurs (ici aussi nommés RJR) ont dirigé, géré et contrôlé des opérations de blanchiment d’argent sale qui ont se sont étendues aux plaignants et/ou ont indirectement lésé les plaignants. RJR a été impliquée et a facilité le crime organisé en recyclant le produit du trafic de drogues et d’autres activités illégales. Comme les institutions internationales se sont largement mis à éviter les opérations bancaires avec le crime organisé, les trafiquants de drogues et les autres, souhaitant cacher leurs opérations illégales et utiliser le fruit de leurs activités illégales, se sont détournés des banques traditionnelles et se sont adossés à des sociétés, et en particulier RJR, pour recycler le revenu de leur activité illégale.

2. RJR vend sciemment ses produits au crime organisé, organise des paiements secrets pour le crime organisé, et recycle les revenus aux Etats-Unis et à l’étranger où le secret bancaire est de fait. Ils ont aussi blanchi l’argent sale des membres colombiens, italiens et russes du crime organisé à travers des organisations financières de New-York incluant la Banque de New-York, Citibank N.A., et la Chase Manhattan. Ils ont aussi choisi de faire du commerce en Irak, en violation des sanctions américaines, dans des transactions qui ont à la fois financé le régime de Bagdad et les groupes terroristes.

3. RJR a, au plus niveau de son organisation, prévu qu’il serait compris dans leurs plans commerciaux, de vendre des cigarettes à des organisations criminelles, et d’accepter des revenus illégaux pour paiement, en secret et par des moyens cachés, ce qui constitue aux Etats-Unis, du blanchiment d’argent sale. Les responsables et les directeurs d’RJR ont facilité ce montage en restructurant l’organisation de la société, par exemple, en créant des filiales dans des pays connus pour leur secret bancaire comme en Suisse, afin de diriger et de mettre en œuvre leurs plans de recyclage et d’éviter la suspicion des Etats-Unis et de l’Europe. Ce schéma global pour créer une structure et un plan commerciaux pour vendre des cigarettes à des criminels et pour recycler l’argent de ces derniers, a été mis en œuvre à travers de nombreuses filiales de l’Union européenne. Des exemples sont détaillés dans la plainte et incluent:

a) Recyclage d’argent perçu de l’organisation d’Alfred Bossert b) Recyclage d’argent pour le crime organisé italien c) Recyclage d’argent pour le crime organisé russe via la Banque de New-York d) L’entente criminelle de Walt e) Recyclage d’argent sale par  des sorties en Irlande et Belgique f) Recyclage de l’argent de la drogue à travers la communauté européenne par l’intermédiaire de vente de cigarettes en Espagne g) Recyclage d’argent sale au Royaume Unis h) Recyclage d’argent sale par la vente de cigarettes via Chypre et i) De ventes illégales de tabac en Irak.

L’Union européenne continue en expliquant le rôle du tabac dans le recyclage de l’argent sale :

V. Le lien entre les ventes de cigarettes RJR, le recyclage d’argent sale et le crime organisé

Les liens entre l’Europe, les Etats-Unis, la Russie et la Colombie dans le circuit de l’argent sale

20. La vente de cigarette, le recyclage de l’argent sale et le crime organisé sont liés et interagissent sur une base internationale. Selon Jimmy GURULE, Sous-Secrétaire d’Etat au Trésor « le recyclage de l’argent sale a lieu internationalement et le système du marché clandestin d’échange de Pesos même si basé dans l’hémisphère occidental, affecte le commerce dans le monde entier. Les Etats-Unis ont détecté des transactions réalisées à travers les Etats-Unis, Europe et l’Asie.

21. La première provenance de la drogue dans l’Union européenne est la Colombie. De larges quantités de cocaïne sont transportées de la Colombie dans l’Union européenne et depuis là vendues illégalement dans l’Union et dans ses états-membres. Le produit de ces ventes illégales doivent être blanchi afin d’être utilisable par les trafiquants de drogue. Tout au long des années 90 et jusqu’à ce jour, le principal moyen utilisé pour lessiver l’argent sale de la cocaïne se fait à travers la vente de cigarettes, incluant celles produites par le défendant, RJR. Les ventes de cocaïne dans l’Union européenne est facilitée par des opérations de blanchiment d’argent sale en Colombie, Panama, Suisse et ailleurs, qui utilisent les cigarettes RJR comme conduit.

22. Pareillement, la première source d’héroïne dans l’Union européenne est le Moyen-Orient et en particulier, l’Afghanistan, avec la majorité de cette héroïne vendue par le crime organisé russe, des organisations criminelles du Moyen-Orient et des groupes terroristes de la même région. La vente de l’héroïne dans l’Union européenne et dans les états-membres est facilitée et réalisée par l’achat des cigarettes du défendant, dans des opérations de blanchiment qui commencent dans l’Union européenne et ses états-membres, Europe de l’Est, et/ou la Russie mais qui aboutissent au final dans des revenus de ces activités de blanchiment déposés dans les coffres de la RJR aux Etats-Unis.

Information sur la convergence entre le trafic de narcotiques et le blanchiment d’argent sale

23. Cette plainte porte sur le commerce ou, plus précisément, sur le commerce illégal, et comment le blanchiment d’argent sale facilite le financement et le transfert de biens au niveau international. Les commerçants impliqués dans le commerce international se tournent souvent vers des monnaies stables pour le paiement des biens et services achetés à l’étranger. Sur de nombreux marchés le dollar américain est une monnaie de choix et dans certains cas, la seule monnaie d’échange acceptée. Les commerçants cherchant des dollars les obtiennent d’une variété de façons, incluant les 3 méthodes suivantes. Les commerçants traditionnels vont vers les institutions financières locales qui peuvent prendre en charge un prêt. Le financement privé est habituellement disponible pour ceux qui ont des actifs en hypothèque. Une 3ème et moins désirable source de financement en dollar se trouve dans les marchés noirs du monde. Ces marchés sont des économies souterraines ou parallèles qui existent dans tous les pays. Les criminels et leurs organisations contrôlent ces économies souterraines qui opèrent généralement via des agents monétaires. Ces agents accomplissent souvent une variété de fonctions dont la moindre n’est pas celle d’une étape intermédiaire importante dans le processus de blanchiment, celle que nous allons appeler tout au long de cette procédure, le « raccourci ».

24. L’activité criminelle qui produit des dollars pour ces opérations de blanchiment des marchés parallèles est souvent le trafic de drogue et des crimes violents en rapport. L’Amérique du sud est le champion du monde de la production de cocaïne, les Etats-Unis et l’Union européenne, les marchés les plus importants. De même, la Colombie et des pays de l’Europe de l’est produisent de l’héroïne. La cocaïne et l’héroïne sont envoyées aux Etats-Unis et en Europe, vendue en dollars et en euros. Les trafiquants russes obtiennent de l’héroïne au Moyen-Orient et de la cocaïne depuis l’Amérique du sud, et vendent de grandes quantités des deux en Europe et aux Etats-Unis. La revente au détail a augmenté de manière frappante ces deux dernières décennies. Conséquemment, les trafiquants de drogues accumulent de grosses quantités de liquidité obtenues illégalement sous forme de dollars et d’euros. Les douanes américaines estiment que la vente illégale de drogues aux Etats-Unis génère à elle seule environ 57 milliards de dollars annuellement, la majorité sous forme de liquidité.

25. Un trafiquant doit pouvoir accéder à ses bénéfices pour payer ses dépenses et les opérations courantes, et partager les gains ; Il doit pouvoir le faire de manière qui semble légitimer l’origine de ses ressources, pour éviter d’attirer l’attention et les enquêtes qui pourraient résulter sur une arrestation et un emprisonnement, ainsi que la confiscation de ses avoirs. Le procédé utilisé pour atteindre ce but est le cycle de blanchiment de l’argent.

26. Le but du cycle du blanchiment de l’argent sale est d’établir un anonymat total pour les personnes impliquées, en faisant passer les liquidités produites des ventes à travers des marches financiers de manière à cacher ou déguiser la nature, source, propriété et/ou contrôle illégaux de la monnaie.

Information sur les échanges monétaires du marché noir

27. En Europe, aux Etats-Unis, Amérique du Sud et ailleurs, un cercle d’agents de changes illégaux, connus des agents de police comme « agents de change », opèrent au-dehors du système bancaire et facilitent les échanges des produits de la vente de narcotiques contre des liquidités locales ou des instruments d’échanges. Beaucoup d’entre eux ont développé des méthodes pour court-circuiter les systèmes bancaires et ainsi éviter l’œil des autorités de régulation. Ces échanges d’argent ont différentes appellations en fonction de l’endroit où ils opèrent, mais ils ont tous des traits communs.

28. Un système “d’agent de change” typique fonctionne de la manière suivante : Dans la vente de cocaïne colombienne dans l’Union européenne, le cartel de la drogue exporte des drogues dans les états-membres où elles sont vendues en euros. En Colombie, le cartel contacte un agent de change et négocie un contrat par lequel l’agent accepte d’échanger des pesos qu’il contrôle en Colombie pour des euros que le cartel contrôle en Europe. L’agent paye le cartel la somme convenue en pesos. Le cartel contact sa cellule dans l’Union européenne et lui demande de livrer la somme convenue en euros au représentant de l’agent en Europe. L’agent doit alors blanchir les euros qu’il a accumulés dans l’Union européenne. Il doit éventuellement convertir les euros en dollars si ses clients ont besoin de dollars pour payer des sociétés telles que RJR pour leurs produits.

29. L’agent utilise ses contacts en Europe pour positionner les monnaies qu’il a achetées au cartel, dans le système bancaire européen ou dans un commerce prêt à accepter ces sommes (un processus plus détaillé ci-dessous). L’agent a maintenant un portefeuille de fonds dérivés de la drogue, en Europe, à vendre aux importateurs entre autres. Dans plusieurs cas, les trafiquants de drogues qui ont vendu la drogue dans l’Union européenne, sont aussi des importateurs de cigarettes. Les importateurs achètent ces monnaies aux agents de change avec un rabais substantiel sur le taux de change officiel et utilisent cet argent pour payer le transport de ces produits importés (tels que les cigarettes) de sociétés aux Etats-Unis et/ou de leurs représentants en Europe, ou « raccourcis ». L’agent utilise ses contacts européens pour envoyer l’argent à n’importe qui indiqué par l’importateur. Souvent ces clients utilisent cet argent pour acheter des cigarettes du défendant en grande quantité, et souvent, les agents ont été commandés de payer RJR directement pour les cigarettes achetées. L’agent réalise ces paiements par une variété de méthodes, incluant des comptes dans des institutions financières européennes. Les produits achetés sont envoyés à leur destination. L’importateur prend possession de ses produits. L’agent utilise les fonds de l’importateur pour continuer le cycle du blanchiment.

30. De cette manière, le trafiquant de drogues convertit le produit de sa drogue (qu’il ne pouvait pas utiliser au départ car en euros) en monnaie locale qu’il peut utiliser chez lui comme bénéfice et pour financer ses opérations ; L’importateur européen a obtenu les fonds nécessaires de l’agent de change du marché noir pour acheter des produits qu’il n’aurait peut-être pas pu financer autrement (à cause d’un manque de prêt, d’actif hypothécable, de dollars US ou pour vouloir rester anonyme) ; La société qui vend des cigarettes à l’importateur reçoit paiement des produits livrés dans la monnaie de son choix, quelle que soit la source de financement ; et l’agent de change a fait un bénéfice chez le cartel et chez l’importateur pour ses services. Le cycle continue jusqu’à ce que les criminels impliqués soient arrêtés et qu’un nouveau cycle commence. Le blanchiment d’argent est formé d’une série d’événements tout connectés les uns aux autres et qui ne cessent que lorsqu’un lien dans la chaîne est brisé.

31. Beaucoup de trafiquants de drogues dans l’Union européenne achètent actuellement et importent aussi des cigarettes. Plus particulièrement, le commerce de cigarettes devient plus profitable et fait prendre moins de risques pénaux comparés aux narcotiques, la vente de cigarettes est devenue au moins aussi attrayante et importante pour le criminel que le trafic de drogues. Enfin, il est indifférent au blanchiment d’argent de savoir si les biens sont importés et distribués légalement ou non.

Qu’ils vendent leurs cigarettes de manière légale ou non, les trafiquants de drogues atteignent leur but puisque ils réussissent à déguiser la nature, l’endroit, la réelle origine, propriété et/ou contrôle de la vente de drogues. En même temps, les manufacturiers de cigarettes (et dans ce cas, RJR) ont atteint leur objectif puisqu’ils ont vendu leur produit avec succès, de manière extrêmement lucrative.

De manière frappante, l’Union européenne fait allusion à l’un des plus importants secrets du blanchiment d’argent sale, le fait que la protection des communications entre les avocats et leurs clients et les cabinets juridiques, en particulier les plus prestigieux de Washington et de Wall Street, est la méthode préférée de communication des délits:

RJR a été consciente de l’implication du crime organisé dans la distribution de ses produits depuis au moins les années 70. Le 4 janvier 1978 le Comité du Conseil de l’Institut du Tabac s’est réuni dans l’un des bureaux de Philip Morris à New York. Le comité était le grand tribunal définissant la stratégie juridique, politique et les relations publiques de l’industrie du tabac pendant plus de trois décennies. La réunion du 4 janvier 1978 avait pour but de discuter, entre autres points, des rapports publiés concernant l’implication du crime organisé dans le commerce du tabac et la complicité de l’industrie du tabac de ce fait. Les rapports rendus publics détaillaient le rôle du crime organisé dans le commerce du tabac (incluant la branche Colombienne à New York) et le commerce illégal sur la frontière canadienne et ailleurs. Le conseiller général de RJR, Max Crohn, y était et a participé aux discussions. Tous les grands producteurs de tabac étaient présents et représentés par un conseil, tel que Philip Morris (Arnold & Porter, Abe Krash), [Note de l’auteur : Arnold & Porter est un cabinet qui reviendra à plusieurs reprises dans notre récit], Brown & Williamson (Paul Weiss Rifkind Wharton & Garrison, Martin London). Le Comité du Conseil ne prit aucune mesure conservatoire, pour investiguer la question, ou mettre un terme au rôle du crime organisé dans le commerce du tabac. A la place, il fut mis en place un plan d’action coordonné pour protéger l’industrie des interrogations du Congrès américain.

Plus d’information sur RJR et d’autres cas juridiques sont disponibles (en anglais) sur ce site. Le lecteur peut y avoir directement accès en suivant les liens disponibles sur les notes de bas de page du texte en anglais.

Vous trouverez une mise à jour dans la section litiges du rapport annuel de 2004 de la SEC pour la société qui a succédé à RJR, soit Reynolds American, ainsi que d’autres mises à jour de cas litigieux impliquant des réparations liées au trafic et à l’esclavage.

Selon Dillon Read, le retour sur capitaux propres de la société pour les années 1982 à 1989 était en moyenne de 29%. C’est un niveau fort et se compare aux retours de la First Boston, Solomon, Shearson et Morgan Stanley de respectivement 26%, 15%, 18% et 31%. Vu ce que l’on sait maintenant de la plainte déposée par l’Union européenne, et d’autres actions contre RJR Nabisco et ses dirigeants, cela pose la question sur ce qu’auraient été les bénéfices de Dillon si la société n’avait pas réalisé une petite fortune en réinvestissant les produits financiers –et si nous en croyons l’Union européenne- de la vente de cigarettes au crime organisé incluant les profits générés par les trafiquants et allant vers les communautés d’Amérique à travers le cartel des drogues latino-américain.

Pour comprendre le flux de l’argent de la drogue vers et à travers Wall Street et les actions de société comme RJR Nabisco durant les années 90, il est utile de regarder plus attentivement le flux de drogues depuis l’Amérique latine durant cette période, et les flux de liquidité de narcodollars impliqués qu’ils suggèrent. Deux situations bien documentés impliquent Mena dans l’Arkansas et Los Angeles South Central, en Californie.